17.9.18 La libération
Lundi 17
septembre, Delhi
Giuseppe
n’a pas fermé l’œil de la nuit et moi pratiquement pas non plus. C’est le jour
décisif. Nous nous réveillons vers 9 h et Anand a dit qu’il passerait aux
alentours de 10h pour être à l’heure au tribunal. Je voulais déjeuner mais
Giuseppe m’a dit qu’il était prévu de le prendre avec notre chauffeur. Alors
nous l’attendons patiemment car il avait l’intention de parler avec le patron
concernant la note de la veille.
Inquiet de
ne le voir toujours pas arriver, vers 11 h, Giuseppe l’appelle et il nous promet
d’être là dans cinq minutes. Il se pointe à 11h30 et c’est parti pour une folle
course à travers la ville. En passant, toujours les mêmes images de la capitale
indienne : des bouchons, des klaxons, des vaches partout, des hères sur
les trottoirs, des nuages de pollution. Nous faisons le même chemin que samedi
mais le temps presse. Anand roule comme un sauvage et il dépasse à travers la
ligne de sécurité médiane, sur la voie rapide de l’autre sens.
Nous
passons à côté d’éléphants et de militaires qui paradent à cheval et arrivons
pile poil à l’heure au tribunal, où le procès se déroule dans une autre salle
que la dernière fois.
C’est la
même ambiance avec des corridors décrépis aux carrelages sale et des gens qui
attendent sous les ventilateurs.
La juge est
là et cela signifie que nous avons une chance que le cas soit réglé
aujourd’hui. Nous patientons de longues minutes et soudain, la juge – une
petite femme dans la quarantaine – s’en va. Mais l’avocat nous dit de rester
assis dans la salle d’audience et que la juge va revenir.
Après de
longues nouvelles minutes d’attente, la voilà qui revient et qui
lâche : « Santarelli ». Giuseppe se lève et c’est
l’assistant de l’avocat qui le défend. Il plaide évidemment coupable et la juge
rend rapidement sa sentence : 1000 roupies d’amende et… c’est tout.
Giuseppe est évidemment content mais j’ai du mal à ressentir de la joie car je
m’attends à un ultime rebondissement. Puis ce sont encore de longues minutes
d’attente pour obtenir un papier, puis un autre, puis il faut obtenir une copie
du jugement avant de faire une autre photocopie, prendre des empreintes
digitales et finalement faire une photo de profil et de face du condamné
Santarelli, comme dans les séries américaines. Pour que tout cela aille un peu
plus vite, Anand me conseille de donner un bon pourboire à l’avocat auxiliaire
et aux autres intervenants pour ces formalités à n’en plus finir.
Mais au
bout de toutes ces tracasseries, c’est la délivrance. Giuseppe reçoit enfin son
passeport et dispose de tous les papiers nécessaires. Il est libre ! Nous
faisons une photo souvenir pour marquer le coup et l’air devient tout de suite
nettement plus respirable.
Giuseppe
change alors d’attitude à l’égard d’Anand, car il faudra bien en
venir aux questions d’argent. Dans son taxi qui nous ramène à l’hôtel pour
récupérer nos bagages, il commence à négocier avec le chauffeur, qui est
accompagné d’un ami. La veille, il m’avait proposé de nous emmener à
Chandigarh, et de boire quelques bières dans le taxi pour célébrer la
libération de Giuseppe. Il y a env. 350 km entre Delhi et Chandigarh, ce qui
représente une course d’au moins quatre heures. Moi je suis plutôt favorable à
cette solution car cela nous permet d’arriver bien plus vite, en tout confort,
et on doit bien cela à notre dévoué chauffeur. Finalement, il accepte après que
je lui eus refilé un bon pourboire avec ma réserve de francs suisses.
Nous
récupérons donc les bagages à l’hôtel et départ pour le nord. Après les
habituels embouteillages pour sortir de la métropole, nous nous arrêtons
brièvement pour acheter quelques boissons et victuailles.
Je me sens soudainement
beaucoup plus léger et me lâche un peu. Nous plaisantons dans le taxi et
descendons quelques bières bien méritées. Un peu trop apparemment en ce qui me
concerne, car j’ai un joli black-out jusqu’à notre arrivée à l’hôtel ABC de
Chandigarh – recommandé par Ishaan le fournisseur des motos – où je suis tiré
de mon sommeil partiellement éthylique. Je ne saisis pas tout ce qui se passe
et me retrouve en train de porter mes bagages dans l’étroit escalier qui mène à
la réception. Giuseppe finit par accepter la première chambre qui ne dispose
malheureusement que d’un lit jumeau. Qu’à cela ne tienne. Je retrouve un peu
mes esprits et réalise que sur ce coup-là, j’ai bien de la chance que Giuseppe
soit resté plus sobre que moi. Nous sommes en sécurité dans cette ville au Nord
de Delhi et pouvons profiter d’un bon sommeil réparateur après toutes ces
émotions.
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