Mardi 18.9
Chandigarh – Mandi
Nous nous
levons vers huit heures et il n’est pas possible de déjeuner à l’hôtel. Le
réceptionniste enturbanné nous indique qu’on peut casser la croûte en sortant sur la gauche de l’hôtel, mais tout est désert. Nous revenons sur
nos pas et trouvons un marchand installé au pied d’un arbre. Il n’a pas de café
et nous nous rabattons sur le tchai. Nous optons également pour un sandwich aux
patates, fort bon d’ailleurs. Puis Giuseppe installe l’application Uber sur son
smartphone et nous commandons un taxi qui nous emmène jusqu’à l’adresse de
location des motos. C’est une petite ferme qui semble en pleine campagne au
milieu de la ville. En sortant du taxi, nous apercevons nos montures qui nous
attendent. Ma première impression n’est pas vraiment faramineuse, mais ce sont
des motos. Nous commençons à les équiper, mais une jeune fille, en relation
avec Ishaan, veut que nous payons tout de suite et ce n’est pas possible avec
la carte de crédit. Giuseppe tente alors d’effectuer un virement en ligne entre
deux montages d’accessoires. Cela ne fonctionne pas car la fille n’a pas le
numéro Swift.
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| Giuseppe en plein montage des accessoires. |
Au niveau
de l’équipement, nous montons un chargeur pris directement sur la batterie sur
les deux motos. Giuseppe veut installer un fusible mais le jeune homme qui
tente de nous assister réussit à faire un court-circuit et finalement, il
renonce à ce supplément. Deux planches viennent rapidement agrémenter l’arrière
de notre porte-bagages et vers 11 heures, les motos semblent prêtes.
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| Des planches italiennes viennent agrémenter l'arrière de nos motos. |
Mais il y
a plusieurs problèmes : après une course d’essai dans l’allée, Giuseppe
remarque que le guidon est complètement tordu. Avec l’aide du jeune homme, nous
desserrons les points d’attache de la fourche pour forcer le guidon. Cela
améliore un peu la chose, mais ce n’est pas encore bien droit. Il y a d’autres
problèmes : les chaînes ne sont pas graissées, le plein n’est pas fait, il
manque de l’huile dans les deux moteurs, les sacoches sont en tissu alors
qu’elles étaient supposées être en alu et surtout, les moteurs sont à
carburateur et non à injection comme convenu. Qu’à cela ne tienne, Giuseppe
parvient à faire le virement en ligne et après avoir réclamé le reste, nous
constatons résolument le manque de sérieux de ces loueurs. Il n’y a pas de kit
d’outils et tout ce qu’ils nous fournissent est deux chambres à air, un câble
d’embrayage et deux bougies accompagnées de quelques fusibles. Après que j’eus
constaté que nous étions incapables de desserrer une roue, le jeune homme nous
donne au moins une clef approchant la taille 24.
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| Enfin prêts pour le départ. |
Puis c’est
le départ pour la véritable aventure. Mes premiers mètres de conduite à gauche
me paraissent un peu périlleux, mais heureusement, le trafic est un peu moins
infernal qu’à Delhi. Vivre l’Inde à moto est un peu différent par rapport à
l’intérieur d’un taxi. On sent les odeurs, on ressent la pollution, la
poussière et la fumée, on entend mieux le bruit de la rue et surtout, on est
davantage vulnérable que capitonné dans un habitacle.
Nous
sortons de la ville de Chandigarh et traversons notre premier terre-plein pour
aller faire le plein dans une station-service située de l’autre côté. Un peu
plus loin, nous nous arrêtons pour manger et les gens sont assez sympathiques.
La route
est très belle sur une huitantaine de kilomètres et ensuite, à Nalagarh, ça se
gâte nettement. Je n’avais pas vu un énorme trou et ma monture noire et blanche
reprend sa première volée dans le fond de la fourche. La route est étroite,
sinueuse, défoncée à bien des endroits et surtout très fréquentée par des
camions qui n’ont que très peu d’égards pour les motards. Par deux fois, je dois
m’arrêter d’urgence sur le bas-côté droit de la route pour ne pas me faire
emboutir par des poids lourds qui n’ont cure de la présence d’un motard qui
dépasse. Giuseppe adopte tout de suite son style de conduite milanais et il me
fera bien des frayeurs sur toute cette route. Après un bref arrêt au sommet
d’un petit col, nous repartons de plus belle et je constate rapidement que le
témoin de charge s’allume sur ma moto. Ce n’est pas le seul problème car la
bécane est excessivement basse et je touche la béquille centrale à chaque
virage un peu serré, surtout quand la moto passe dans un trou. Dans un village
avant Mandi, je m’arrête au bord de la route car il n’y a plus aucune
indication sur le tableau de bord. Je constate alors que j’ai le phare avant
allumé et en le coupant, le compteur digital se remet à fonctionner. C’est allé
très rapidement. Evidemment, la batterie est morte et je fais quelques mètres
jusqu’à un bâtiment arborant la marque Honda. J’arrête ma moto en espérant
qu’ils pourront faire quelques chose, mais le personnel me baragouine que ce
n’est qu’un point de vente sans atelier. Un motard qui était dans les parages
se propose alors de nous emmener jusqu’à un atelier dans une petite rue. Mais
le motard s’en fout que je ne puisse pas démarrer ma moto et après l’avoir
poussée quelques mètre, je parviens à la mettre en marche dans un faux-plat en
descente. Giuseppe revient à ma rencontre et je peux le suivre jusqu’à
l’atelier. J’arrête ma moto, enlève une partie des sacoches et retire la selle.
Après un rapide diagnostic et mes explications, le mécano m’informe que c’est
certainement le stator qui est défectueux, un point faible connu sur la Royal
Enfield Himalaya.
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| "Ma cazzo!", déjà HS après à peine 200 km. |
Par sécurité, il déconnecte le contacteur du feu arrière et
me dit que sans utiliser le klaxon ni les clignoteurs, je devrais pouvoir
arriver jusqu’à Mandi, où il y a un garage qui dispose de toutes les pièces.
Comme le magasin ferme à 18 heures, nous déclinons poliment le café que nous
offre le chef du petit atelier et c’est reparti pour une soixantaine de
kilomètres. Nous arrivons trop tard pour trouver l’atelier. Nous entrons alors
dans la jolie ville de Mandi, très arborisée et pentue, qui jalonne la
rivière Beas. La circulation est très dense, mais rien à voir avec Delhi.
Giuseppe réserve un hôtel indiqué comme à proximité sur Ebooking, et nous nous
mettons en quête de l’établissement. Il commence à faire nuit et l’endroit où
nous emmène Google Maps est un temple. Giuseppe demande à un jeune motard où se
trouve l’hôtel réservé. Il nous indique qu’il se situe à environ trente
kilomètres, information confirmée par un couple. Le jeune motard se propose
alors de nous conduire jusqu’à un hôtel qui s’avère très classe pour l’Inde.
Notre chambre est immense, la télévision fonctionne, il y a de l’eau chaude et
une douche avec un rideau. Par contre, toujours pas de brosse à chiotte. Après
un repas qui n’était pas très bon – du ragoût de mouton qui contient davantage
d’os et d’esquilles que de viande – nous buvons deux bières avant d’aller nous
coucher et de programmer la journée du lendemain. Il s’agit de réparer la moto
et d’obtenir notre autorisation pour nous rendre au Ladakh.
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